21 Mars 2016
J’étais à Cannes pendant les derniers jours du festival de cinéma. Je n’ai vu aucun film mais j’ai croisé, près de la Croisette, moult starlettes. J’ai aussi rencontré une star qui veut garder l’anonymat. Appelons-la Mme T. Elle est née, il y a 84 ans, à Téboursouk, en Tunisie, au sein d’une famille sicilienne. Après l’indépendance de la Tunisie, en 1956, elle déménagea avec sa famille à Cannes. Elle n’a pas changé d’appartement depuis plus de cinquante ans !
Aujourd’hui, elle vit seule. Mais elle n’est pas solitaire. Elle est à tu et à toi avec tous ses voisins et voisines. Elle est, en effet, la doyenne de l’immeuble, situé à deux pas de la gare de Cannes. Malgré son âge avancé, Mme T. continue de travailler. Pas parce qu’elle est pauvre. Elle veut tout simplement rester active aussi longtemps que sa santé le lui permet. Côté santé, elle ne souffre que d’un handicap: la perte progressive de son acuité auditive. À part ça, "business as usual", comme disent les Anglos. Je lui ai proposé de venir passer quelques jours de vacances en Tunisie. Elle m’a dit qu’après la mort de son mari, elle a perdu le goût du voyage. Pourtant, avant le décès du mari, le couple faisait un pèlerinage en Tunisie une fois par an.
J’ai essayé de parler en italien avec Mme T. mais elle a presque tout oublié. En plus, lorsqu’elle vivait à Téboursouk, à la maison on ne parlait pas italien mais sicilien. Mme T. ne se pose aucune question sur son identité. Elle est française d’origine tuniso-sicilienne. Un point à la ligne.