14 Mai 2016
La vie parfaite est rare, mais elle existe. Comme la vie du docteur Fred Quiet, par exemple. Une seule page suffit pour écrire sa biographie. De l’école primaire à l’université, il n’avait jamais connu le moindre échec scolaire. Pendant sa longue carrière médicale, il était le médecin le plus méticuleux et le plus ponctuel du CHU de Mahdia. Il n’est jamais arrivé en retard à son service, fût-il d’une seconde. Il se couchait toujours à dix heures du soir et se levait à cinq heures du matin. Il n’a jamais fumé, n’a jamais bu la moindre goutte d’alcool. Jusqu’au dernier jour de sa vie, il jouissait d’une santé en béton. Chaque matin, quelles que soient les conditions climatiques, il pédalait jusqu’à la plage pour courir toujours la même distance : douze kilomètres.
Un jour, quelques mois après sa retraite, alors qu’il courait au bord de la plage, tôt le matin, il a senti les premières et dernières douleurs de sa vie, celles qui annonçaient une crise cardiaque imminente. Il a juste eu le temps d’envoyer un texto à sa femme. La crise cardiaque fut foudroyante. Les ambulanciers ont tenté vainement de réanimer son cœur en arrêt définitif et éternel. La mort de ce jeune homme de soixante-cinq ans fut un choc terrible pour sa famille, ses amis et le corps médical en entier. Le dernier message envoyé par le mourant à sa femme, quelques secondes avant sa mort, ne saurait jamais consoler la veuve peu enjouée : "Chérie, je vais mourir en bonne santé, Dieu merci !"