19 Avril 2023
À moins de vivre très vieux, votre existence n’excèdera pas trois milliards de secondes (*). Cette durée nous fait prendre conscience, sans ambiguïté, du temps qui passe. Mais passe-t-il vraiment ? Les savants s’interrogent : et si cette sensation d’écoulement du temps n’était qu’une illusion ? A-t-on besoin du temps pour décrire le changement ? Le temps lui-même est-il une entité physique véritable ou émane-t-il des relations entre objets ?
Ces questions fondamentales sont aussi anciennes que la philosophie elle-même. Malgré les avancées spectaculaires de la physique au XX e siècle, les interrogations demeurent. La définition du temps s’avère impossible, puisqu’il existe presque autant de conceptions que de courants philosophiques et physiques. Peut-être la solution viendra-t-elle de nouvelles avancées mathématiques et physiques, mais on ne peut en préjuger pour le moment.
Malgré ces difficultés épistémologiques, nous disposons, avec des horloges atomiques, de techniques très performantes pour mesurer le temps – ou plutôt des durées –, qui ouvrent des perspectives encore inimaginables au siècle dernier. On peut aussi prédire, avec pas mal d’incertitude toutefois, le destin de l’Univers. Et nous savons également que le voyage dans le futur est – en théorie – possible. Si une telle expédition vous tente, vous vivrez toujours trois milliards de secondes, mais vous pourrez explorer les siècles à venir. Aura-t-on alors compris ce que c’est qu’est le temps ? Rien n’est sûr, mais nous espérons en tout cas qu’en lisant ce numéro, vous ne verrez pas le temps passer.
(*) Un milliard de secondes correspond à trente-deux ans environ.
Édito, par Philippe Pajot, journaliste.
Source : La Recherche Hors Série n°20 (LE TEMPS) ; décembre 2016 – Janvier 2017.