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Journal d'un nomade

Restless, shifting, fugacious as time itself is a certain vast bulk of the population of the red brick district of the lower West Side. Homeless, they have a hundred homes. They flit from furnished room to furnished room, transients forever - transients in abode, transients in heart and mind. They sing "Home, Sweet Home" in ragtime; they carry their lares et penates in a bandbox; their vine is entwined about a picture hat; a rubber plant is their fig tree. (O. Henry)

Messager à vélo

Entre novembre 2011 et mars 2012, j'ai exercé le métier le plus fou de ma carrière. J'ai travaillé comme messager à vélo pour Speedo, une compagnie de messagerie rapide, située dans le vieux Montréal. Le messager doit avoir son propre vélo. En plus, il n'est pas un employé de la compagnie qui l'engage. Il est considéré comme un travailleur autonome, payé à la tâche. Le messager reçoit 70% de la commission payée par le client. Donc, il n'a pas intérêt à pédaler lentement ou à prendre des pauses. Il travaille à ses risques et périls. En cas de maladie ou d'accident, la compagnie de messagerie est dégagée de toute responsabilité.

Le travail commence à 8h00 du matin et finit à 17h00. A huit heures pile, je dois être au centre-ville. Les messages commencent à défiler sur l'écran de mon téléphone, connecté au site web de Speedo. Un logiciel "intelligent", installé sur l'ordinateur de la la compagnie, aide les messagers à optimiser leurs itinéraires. Il m'arrive de faire 100 kilomètres par jour sans m'en rendre compte. Lorsque la machine humaine atteint sa vitesse de croisière, la sensation de fatigue disparaît. Et lorsque la machine s'emballe, on n'a plus envie de ralentir. On boit son café et on mange son sandwich tout en pédalant. Le messager a horreur du temps mort, c'est-à-dire les minutes interminables pendant lesquelles il n'y à aucune enveloppe et aucun colis à ramasser ou à livrer.

Pourquoi ai-je fait ce travail pénible et peu rémunérant pendant les quatre mois les plus froids de l'hiver ? Un auteur, peut-être Albert Camus, a écrit : "la fatigue tue les points vifs en moi." C'est ce que je cherchais, peut-être. En rentrant chez moi le soir, crevé de fatigue, je prends une douche et sors ma blonde ou ma rousse du réfrigérateur, ferme les yeux et savoure un moment d'éternité. Endorphines, je vous aime !

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